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Les arts martiaux en général et le karaté en particulier font partie de ces domaines d’activités qui laissent le choix au pratiquant d’opter pour une pratique axée ou pas vers la compétition.
La dialectique entre compétition et pratique traditionnelle est un phénomène d’actualité spécifique aux arts martiaux qui n’a rien de nouveau sur le plan de l’évolution historique des activités physique et sportives en France.
Certains pensent que la compétition « tue» l’esprit martial et enferme le pratiquant dans une schéma trop détaché de la logique initiale des arts martiaux - d'autres admettent que la compétition est une étape qui s'inscrit dans une démarche de formation à long terme, alors que pour le pratiquant elle est aussi une fin en soi.
Si l’adulte est libre de ses choix, je ne suis pas de ceux qui pense qu’un enfant de 6 ou de 8 ans puisse être en mesure de décider rationnellement du type de pratique qui lui convient le mieux : compétition ou voix purement traditionnelle.
Par défaut, un enfant va vers ce qui lui procure du plaisir. Tout enseignant qui se respecte, sait pertinemment la valeur que représente ce vecteur de motivation puisque le « jeu » est par essence le support d’enseignement qui permet de maintenir l’enfant dans une logique simultanément hédoniste (recherche du plaisir) et éducative.
Qu’est ce que la compétition ?
Au sens propre du terme, la compétition est un générateur d’inégalité. Il faut être le meilleur et seuls ceux qui sont sur un podium acquièrent la satisfaction du travail accompli. Pour le reste, c’est à dire la batterie des perdants, c’est la foire aux interprétations afin de dédramatiser l’échec.
Quels compromis ?
Beaucoup de fédérations ont depuis longtemps réfléchies sur les conséquences désastreuses du développement compétitif sur leurs effectifs, et ont réagit en mettant en place des formules adaptées.
La compétition – oui, mais pas n’importe quel type. Je m’explique…
Les compétitions kata par exemple, très populaire chez les enfants ou dans les clubs (à vous de voir) ne sont pas à mon sens ce qui y a de mieux pour répondre aux spécificités des enfants.
Quand, on imagine qu’il sont parfois plus de 50 en moyenne par catégorie, autant dire que l’accès au podium devient un « parcours du combattant » inutile et dangereux en ce qui concerne le maintient de la motivation des perdants.
Je ne traite pas dans cet article de la valeur pédagogique qui émerge de l’échec, car même si la compétition s’inscrit parfaitement dans un processus éducatif en vue de faire vivre des expériences et d’en tirer des enseignement qui doivent amener l’enfant à se transformer, c’est surtout face à la répétition de l’échec que je positionne mon raisonnement.
Hors, en compétition kata surtout, sur le plan départemental ou régional, un enfant qui se situe vers le bas de tableau à peu de chance de se retrouver un jour sur la plus haute marche du podium. La compétition devient un générateur d’échec–
A cela, il faut ajouter que la fédération Française de karaté à récemment renforcer son règlement de compétition : plus de kata à produire et que les règlements de compétition enfants sont les copies conformes des règlement de compétition adultes (en kata et en combat) – ce ne sont pas les quelques articles tronqués aux règlements seniors qui vont donner l’impression que l’on juge des prestations enfant à hauteur de ce qu’ils sont, car sur le terrain, le niveau d’expertise des arbitres est équivalent à une expertise de prestation senior : En karaté, l’enfant est encore considéré comme un « homme miniature ».
Que faire ?
Du judo ? non, pas forcément.
Mais le judo a su régir très tôt à cette problématique en mettant en place des manifestations spécialement conçues pour les enfants : parcours d’entraînement – assaut à thèmes…
En somme, le terme de compétition devient intéressant à partir du moment où il est interprété à hauteur des réelles capacités de production des enfants et surtout en fonctions de leurs âges.
De nouveaux concepts comme la « coupe des petits samouraï » mis en place par l’ex commission sportive de la ligue du Limousin durant la saison 2001-2002 semble être une réponse plus adaptée et moins traumatisante.
En effet, les enfants s’opposent par poule de 5 à 7 et ont pour objectif de gagner un maximum d’assaut dont le thème majeur est d’attraper le foulard de l’adversaire (simulation du coup de poing) puis à partir de 8 ans, ont en plus le droit de viser la casque de l’adversaire en mawashi géri ou ura mawashi géri seulement (coup de pied au corps, interdits).
Au final, les enfants ne sont pas classés les uns par rapport aux autres, mais selon un classement prenant en compte le nombre de combat gagné ou nul additionné à une note comportementale (respect de l’autre – fair-play – respect de soi : la tenue). Ainsi plusieurs enfants d’une même poule peuvent atteindre le niveau de samouraï d’or, d’argent, de bronze ou de petit dragon – tout le monde y trouve son compte.
Cette coupe fut un réel succès puisqu’elle réunit 170 enfants des catégories poussins et pupilles – ce qui pour la ligue du Limousin (1600 licenciés) fut un record de participation.
Peu de temps après, la fédération qui réfléchissait déjà à un nouveau concept édite « les parcours ludique ». Compétition de même logique de classement, de contenu à caractère plus technique.
Conclusion
Cet article ne cible que son objet : pour ou contre la compétition enfant.
Si un enfant peut prétendre à la victoire, alors oui, les compétitions à caractère traditionnel sont intéressantes pour lui, sinon il est conseillé de privilégier les manifestations dont la logique d’évaluation ne génère pas d’inégalité : Les parcours ludiques – la coupe des petits samouraï - Version lignue du Limousin début des années 2000.