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Patrick TRABAL, Muriel AUGUSTINI - Laboratoire de sociologie de l'INSEP 11, av. du Tremblay 75012 Paris (JORRESCAM 1998)
Mots-clés : Sociologie, Karaté, représentations sociales, licenciés
PROBLEMATIQUE
En 1996, la Fédération Française de Karaté et Arts Martiaux Affinitaires (FFKAMA) compte 178 755 licenciés qui pratiquent le karaté. D'un point de vue socio-démographique, cette population est très hétérogène puisque l'on recense 20,3% de femmes, des pratiquants de tout âge, appartenant à des milieux sociaux très différents. Le but de cette étude est ainsi de déterminer si le sexe ou l'âge fait varier l'image que les pratiquants ont du karaté. Nous nous sommes également interrogés sur l'évolution de ces représentations au cours de l'itinéraire sportif.
METHODOLOGIE
Nous avons élaboré, à partir d'un travail bibliographique et d'une pré-enquête auprès de cadres fédéraux, un questionnaire composé de questions ouvertes et fermées que nous avons envoyé à 1 100 d'entre eux ; nous avons obtenu 370 retours exploitables. La littérature sur le karaté et notre pré-enquête nous ont permis de mettre en exergue trois définitions de l'activité. L'une insiste sur son essence combative et se présente comme un moyen permettant de se défendre. Une autre s'articule autour de son caractère "budo" et souligne son caractère philosophique. La dernière définit le karaté comme une discipline sportive. En dehors des indices statistiques classiques que nous avons utilisés pour traiter le questionnaire, nous avons quantifié l'intérêt que chaque sujet accorde à ces trois représentations du karaté et nous l'avons positionné sur un triangle équilatéral en fonction des coordonnées barycentriques calculées sur les trois variables numériques correspondantes. Les formes des nuages de points ainsi que leur propre barycentre caractérisent les sous-populations que nous souhaitons étudier.
RESULTATS ET DISCUSSION
Concernant l'image du karaté, il apparaît que le nuage de points formés par l'ensemble de nos sujets est assez dispersé. Son orientation vers le point P signifie que le caractère "budo" et la dimension philosophique sont importants pour nos pratiquants (les points C et S traduisent des définitions fondées respectivement sur le combat et le sport).
La forme du nuage ne varie pratiquement pas selon le sexe, mais diffère de façon significative en fonction de l'âge des pratiquants d'une part et de leur durée de pratique d'autre part. Notamment, on peut affirmer que ceux qui sont les plus anciens dans la pratique se retrouvent plus souvent vers le point P ; mais ceci ne suffit pas à démontrer que l'image du karaté évolue au cours de l'itinéraire sportif. En effet, nous n'avons pas réalisé un suivi de cohortes, et on peut supposer que ceux qui n'accordaient aucune importance à la dimension philosophique du karaté (et que l'on aurait pu retrouver sur le segment [SC]) ont pu abandonner car le décalage entre leurs attentes et les conceptions des enseignants fut trop important.
Cette évolution peut être mise en évidence à partir du traitement de deux variables puisque le questionnaire invitait les pratiquants à répondre aux questions fermées : "au départ, le karaté représentait surtout..." et "aujourd'hui, le karaté représente surtout...". Le tri croisé montre que parmi nos 370 sujets, 257 ont changé de représentation. Parmi eux, 65% se retrouvent dans le schéma suivant (chaque flèche représente l'évolution des représentations) :
CONCLUSION
Ces résultats montrent que les représentations initiales du karaté subissent des évolutions au cours de l'itinéraire sportif. Nous évoquerons les facteurs responsables de cette transformation, notamment à travers le rôle des modes de transmission des savoirs et des messages diffusés par les enseignants.
En version pdf, le sujet d'étude en entier.
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Autre étude en version pdf : Les pratiquants de karaté en France de l'artiste martial à l'égaré